L’ Agneau de Dieu

25295601_pPour la première fois, le Christ est désigné par Jean le Baptiste selon un titre tout à fait nouveau : « Voici l’ Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. » Dans le Nouveau Testament, le Christ s’est identifié à un agneau selon plusieurs livres : Jean, les Actes des apôtres, une lettre de Pierre et surtout l’ Apocalypse. En fait, ce thème de l’agneau provient de l’Ancien Testament selon deux perspectives qu’il faut distinguer : l’une qui est celle su « serviteur de Yahwe » selon les prophètes, et l’autre, celle de « l’agneau pascal ».

Le serviteur de Yahwe. Persécuté par ses ennemis, déjà le prophète Jérémie se comparait à un « agneau que l’on mène à l’abattoir « (Jérémie XI, 19). C’est cette image qui fut ensuite appliquée par Isaïe au « serviteur de Yahwe » qui, mourant pour expier les péchés de son peuple, apparaît « comme un agneau conduit à la boucherie, comme devant les tondeurs une brebis muette et n’ouvrant pas la bouche. »(Isaïe 53,7) Ce texte, soulignant l’humilité et la résignation du Serviteur, annonçait remarquablement le destin du Christ. Les évangélistes y renvoient lorsque le Christ se taisait devant le tribunal du Sanhédrin, au moment de son arrestation, et ne répondait pas à Pilate.

Jean Baptiste avait en vue le Messie, juste et innocent, volontairement immolé et enlevant le péché du monde, après l’avoir pris à sa charge et l’avoir expié par son sang. L’agneau qu’il montre n’est pas seulement l’agneau divin, c’est à dire l’agneau envoyé par Dieu ou offert à Dieu : il est l’ Agneau DE Dieu, au titre de la filiation elle-même : le Fils de Dieu accomplissant dans les souffrances et la mort sa mission rédemptrice. Au premier degré, Jean Baptiste, par ce titre d’ Agneau de Dieu qu’il décerne au Christ, fait allusion à la sainteté du messie : l’ Agneau, par sa blancheur et sa douceur est symbole de pureté et d’innocence, mais, dans la culture juive, on ne peut oublier que cette image renvoie à l’agneau pascal et au sacrifice perpétuel de l’agneau dans le Temple de Jérusalem.

L’ agneau pascal. Lorsque Yahwe Dieu eut décidé de délivrer son peuple esclave des Egyptiens, Il ordonna aux Hébreux par Moïse d’immoler par famille un agneau « sans tare, mâle, âgé d’un an », dont il ne fallait rompre aucun os, de le manger le soir et de marquer de son sang les linteaux de leurs portes. Grâce à ce signe, ils seraient épargnés par l’ Ange exterminateur venant frapper tous les premiers-nés d’ Egypte. La nuit de cette Pâque, le peuple hébreu accomplit le sacrifice prescrit de l’ agneau, le mangea et commença son exode en quittant le pays de la servitude. Ainsi la tradition juive donna une valeur rédemptrice au sang de l’ agneau : grâce au sang de l’ agneau pascal les Hébreux ont été libérés de l’exploitation servile de l’ Egypte et ont pu devenir une nation consacrée, un peuple de prêtres.

Chaque année, le peuple juif commémorait solennellement cette Pâque par la sacrifice de l’ agneau. Et même, chaque jour, au Temple de Jérusalem, étaient immolés deux agneaux. La cessation de ce sacrifice perpétuel était considérée comme la cessation du culte et comme une des plus grandes calamités qui puissent arriver. Or, comme Jésus fut mis à mort le jour de la Pâque, dans l’après-midi, à l’ heure même où selon la Loi on immolait les agneaux au Temple, et qu’après sa mort, on ne lui rompit pas les jambes, comme aux autres condamnés, Jean l’évangéliste a vu dans ces faits la réalisation d’une prescription rituelle concernant l’agneau pascal. Ainsi, aux origines mêmes du christianisme, la tradition vit dans le Christ le véritable Agneau pascal. Jean, qui avait entendu la nomination d’ « agneau de Dieu », se complut à lui donner ce nom dans l’ Apocalypse : il L’a vu debout, comme immolé mais vainqueur.

Père Alain de La Morandais

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